GRANDS MAMMIFERES FOSSILES ET ACTUELS: METHODE COMPARATIVE

 

                                 

 

DISPARITIONS D'ESPECES ANIMALES LIEES AUX ACTIONS HUMAINES DANS LES TEMPS PREHISTORIQUES

 

    Il existe des éépoques de disparitions massives, concernant énormément d'espèces appartenant à des groupes d'animaux et de plantes très différents, qui représentent souvent plus de la moitié des espèces existantes.

La fin des temps préhistoriques ne correspond pas vraiment à l'une de ces époques, puisque ce furent surtout des grands animaux (de la taille de l'homme ou plus grands que lui) qui disparurent. On peut imaginer que des changements climatiques, dans la végétation, ou d'autres causes peut-être combinées entre elles, n'ont joué un rôle significatif que dans la destruction de certaines espèces, dans des régions particulières. L'ours des cavernes a disparu, et l'ours brun, qui vivait en même temps que lui et dans les mêmes zones, est toujours présent.  Apparemment, les hommes le chassaient peu ou pas du tout, et entretenaient plutôt des rapports avec ses ossements (peut-être une sorte de culte)...  Le bison et le renne ont continué à vivre jusqu' à maintenant....

 

  Toutefois, il semble que dans de très nombreux cas, la trace du coupable puisse être aisément retrouvée:

 

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La pression humaine sur les grands animaux a été manifestement considérable depuis une époque très ancienne. L'homme moderne, c'est-à -dire notre ancêtre direct, est vraisemblablement apparu en Afrique de l'Est il y a environ 300 000 ans. Il a ensuite envahi peu à peu toutes les terres émergées, et, à chaque fois, les conséquences sur les grands animaux ont été néfastes, voire désastreuses. Une très grande partie de la faune de marsupiaux en Australie, a été détruite par l'homme il y a 50 000 ou 60 000 ans. La plupart d'entre eux étaient beaucoup plus grands que les espèces actuelles. Ils furent détruits par des populations des îles du Pacifique qui colonisèrent progressivement un espace immense. Ils effectuaient leurs voyages à bord de quatamarans. Après l'Australie et les îles indonésiennes, ils accostèrent beaucoup plus tard à Madagascar, où ils détruisirent des lémuriens géants, une fouine géante qui ressemblait à un chat (de la taille d'un puma), des chats géants à dents de sabre, un oiseau géant aussi lourd qu'un ours. Ils terminèrent leur odyssée en Nouvelle Zélande, avec la destruction d'un autre oiseau géant.

L'Amérique du Sud a également subi des pertes très sévères. Ces deux régions étaient à la fois des continents par leurs dimensions et des îles par leur isolement. Elles étaient mal préparées à résister à l'arrivée d'une espèce si singulièrement destructrice.

D'ailleurs, dans le deuxième cas, il semble bien que la partie sud du continent américain, avait déjà payé une première fois très cher, dans un passé plus lointain, son ouverture -après un temps très long de séparation- au bloc Amérique du Nord-Eurasie, par l'émergence du pont naturel de Panama: le déferlement du Nord vers le Sud des mammifères placentaires qui s'était ensuivi avait vraisemblablement débouché sur la disparition de nombreuses espèces marsupiales indigènes (à l'exception notoire de l'oppossum qui en profita même pour remonter quelque peu vers le Nord).  Par contre, le cas du félin géant Smilodon populator, soupçonné d'avoir détruit des populations de proies à la fois très lentes et extraordinairement volumineuses, semble devoir être invalidé. Il y a plutôt eu interaction complexe (comme dans d'autres continents à d'autres époques préhistoriques) entre chasseurs -cueilleurs s'engageant dans une surchasse des herbivores géants, et leurs prédateurs naturels, des carnivores géants.

Pour revenir à la préhistoire humaine proprement dite, certaines espèces victimes de nos ancêtres ont pu aussi être frappées par ce que l'on appelle le "choc d'hôte": une espèce qui envahit une région transmet à des espèces locales un virus inoffensif pour elle mais très destructeur pour ces dernières: rappelons que lors de la conquête de l'Amérique du Sud par les espagnols au XVIème siècle, les massacres directs ont causé la mort de centaines de milliers d'Américains, mais la transmission de maladies en a détruits entre 30 et 75 millions!!

Plus généralement, l'extinction des espèces de grands mammifères intervient SUR TOUS LES CONTINENTS au moment de l'intrusion dans leurs territoires de migrations humaines: "Il existe actuellement les preuves indiscutables... que les grandes disparitions du quaternaire ont suivi les traces de l'homme" (François Ramade 1999).

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Les chercheurs anglo-saxons qui ont mis ce phénomène en évidence le nomment PREHISTORIC OVERKILL, ce qui signifie "TUERIE EXCESSIVE".

 

Une OBJECTION à cette théorie mentionne, à propos de l'extinction des mammouths, que des mutations climatiques telles que les glaciations avaient favorisé le développement de la forêt au détriment de la steppe. En effet, depuis 1 200 000 ans, nous vivons une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires( une vingtaine jusqu'à présent). La prochaine période glaciaire devrait intervenir dans 5000 ans au plus tard. Or, la steppe est accueillante (avec notamment une nourriture abondante) pour les grands troupeaux de mammouths, au contraire de la forêt. En réalité, les grands herbivores forgent le paysage et en déterminent l'évolution, la plupart du temps en complémentarité avec un rongeur: les milieux "ouverts" sont (ou ont été) ainsi entretenus et préservés par les hippopotames et les écureuils Xerus en Afrique Australe, les bisons et les chiens de prairie en Amérique du Nord (l'extermination de ces deux espèces ayant précédé la réduction progressive de la Grande Prairie en prairie d'armoise relique sur la côte ouest du continent). De même,les mammouths, et dans une certaine mesure, les rhinocéros à fourrure étaient les cojardiniers de la nature avec les rongeurs sousliks, marmottes bobaks et lapins de garenne. Ce phénomène est appelé MEGAHERBIVORIE.

C'est la raréfaction (due à une autre cause) des populations de mammouths qui a permis l'extension des forêts, et non l'inverse: 

Il y a 12 000 ans, les mammouths étaient aussi nombreux en Amérique du Nord que les bisons au 19ème siècle. Ils furent pourtant exterminés très vite, comme l'hippopotame géant en Afrique de l'Est il y a 150 000 ans, les chats géants en Afrique du Sud il y a 100 000 ans, les grands marsupiaux en Australie il y a 55 000 ans, les immenses troupeaux d'hippopotames sahariens et nilotiques il y a 6000 ans, les castors et les petits carnivores en Amérique du Nord et les dizaines de millions de chevaux et de vaches semi-sauvages dans les pampas d'Amérique du Sud, dans les années 1600-1650 (et nous ne mentionnons pas les évènements dramatiques intervenus dans les îles). A chaque fois, il y a spécialisation (gastronomique, sociale, ou autre) sur un attribut particulier à une espèce animale, qui est recherché frénétiquement. Dans le cas des vaches des pampas, les amérindiens avaient pris goût à leurs foetus!!

Le paléontologue Daniel Fisher a apporté les preuves indubitables du massacre des mammouths en étudiant leurs défenses, qui possèdent des cernes, comme les troncs d'arbres. Des animaux victimes du changement climatique auraient été mal nourris, et auraient donc eu des cernes très rapprochées. Au contraire, ceux-ci avaient une bonne couche de dentine entre deux cernes successifs. Ils étaient donc bien nourris. Par contre, les femelles avaient tendance à enfanter beaucoup plus souvent qu'à l'ordinaire, ce qui correspond à une réponse désespérée face à une terrible pression de prédation, comme cela a été confirmé par l'étude des dents des troupeaux d'éléphants actuels sous pression de braconnage. Dans ce cas, les périodes de gestation s'inscrivent dans les dents de façon caractéristique. Cette démonstration imparable s'ajoute à d'autres indices, comme la découverte de squelettes de ces animaux avec de nombreuses pointes de lance fichées jusque dans leurs os!