GRANDS MAMMIFERES FOSSILES ET ACTUELS: METHODE COMPARATIVE
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De fait, Homo sapiens n'a rien d'un simple prédateur, au sens classique du terme: "Un vaste mécanisme impitoyable semblait tailler et façonner les existences... Si, alors, je regarde mes semblables autour de moi... Je vois des faces âpres et animées, d'autres ternes et dangereuses, d'autres fuyantes et menteuses, sans qu'aucune possède la calme autorité d'une âme raisonnable. J'ai l'impression.... que bientôt la dégradation des monstres... va se manifester de nouveau sur une plus grande échelle.... Et il me semblait même que moi aussi, je n'étais... (qu')un animal tourmenté par quelque étrange désordre cérébral... " L'île du DR Moreau. H.G. WELLS
Les origines du comportement de chasseur chez nos ancêtres relèvent plus de considérations liées à une reconnaissance sociale qu' à une recherche de nourriture: LA CHASSE N'A JAMAIS ETE ECOLOGIQUE. C'est aussi le cas chez notre proche parent, le CHIMPANZE, qui malgré son régime alimentaire essentiellement végétarien, se livre occasionnellement, une fois l'estomac plein, à des battues à l'encontre de babouins, voire d'autres chimpanzés. Ces "chasses" ont tout l'air de ratonnades ou de pogroms, et s'apparentent ainsi étroitement à la chasse à courre. Elles renforcent l'ordre et la solidité du groupe par le "partage dans la convivialité". LA CHASSE EST INTIMEMENT LIEE AU POUVOIR. Depuis des temps immémoriaux, la chasse ( comme la guerre) est une occasion de se couvrir de gloire: l'exemple de la chasse à la baleine, pratiquée pendant des millénaires par des tribus amérindiennes du Nord-Est, et dont le caractère dangereux ne peut raisonnablement pas être compatible avec de simples contraintes nutritionnelles (animal très puissant, qui vit en mer, milieu hostile à l'homme) est particulièrement éloquent. Chez de très nombreux peuples, on note la même inclination à préférer des "proies" dangereuses ou insaisissables: pensons à la chasse rituelle du lion chez les guerriers Masaï, initiation obligatoire pour l'accession à l'âge adulte. Un conte étiologique Masaï associe d'ailleurs explicitement la guerre et la chasse comme illustrations jumelles de la fin de l'Age d'Or. Les épopées d'Afrique noire rendent essentiellement hommage à de grands guerriers, mais aussi, chez les Malinkés et les Bambaras notamment, à des héros chasseurs qui tuent des animaux dont l'espèce n'est jamais mentionnée, et dont le motif principal est de répondre à un défi qui leur est lancé par des compagnons de taverne... D'une façon générale, le chasseur africain a un statut de héros social en tant que protecteur de la communauté humaine,( comme l'a magistralement montré Ahmadou Kourouma dans un album pour la jeunesse paru en 1999) car "il tue les animaux et il guérit les hommes: il lutte pour la vie" (!!) A ce titre, concernant plus particulièrement les extinctions intervenues lors de la dernière période préhistorique, on peut s'interroger sur la disparition brutale des chats à dents de sabre, pourtant beaucoup plus abondants en espèces et en individus que les autres félins présents aux mêmes époques dans les mêmes milieux, en lien avec la possible recherche de leurs canines comme objets de prestige (on a des preuves certaines de l'utilisation de bijoux en os ou ivoire depuis au moins 42 000 ans,d'un commerce régulier de l'ivoire d'hippopotame au Proche-Orient depuis le Pléistocène supérieur,et même de "briquets-gadgets" vieux de 20 000 ans)... On a même retrouvé des sculptures vieilles de 220 000 ans, et des indices de peintures rupestres vieilles de près de 400 000 ans!! Par ailleurs, le culte des morts matérialisé par des sépultures remonte lui aussi à des centaines de milliers d'années. Ces différentes dimensions de la lecture du monde par l'homme sont en fait presque aussi vieilles que sa maîtrise du feu, et il y a probablement un rapport de cause à effet entre ces évènements. Les interactions entre ces différentes dimensions impliquent à la fois de considérer les rapports avec les animaux géants soit en terme d'alliance, soit au contraire (et le plus souvent) en terme de guerre.Ceci débouche presque instantanément sur un habillage idéologique de l'extermination sous la forme d'une codification sacrificielle, en utilisant l'ennemi, à quelque espèce qu'il appartienne, comme un messager. C'est à partir de ce type de démarche que peuvent se produire des enfermements prolongés, suivis d'exécutions et même des séances de torture à mort d'une part, et ,plus ou moins fortuitement, des cas de domestication et dressage ponctuels (vécus comme une mise en esclavage) d'autre part. Certains indiens des prairies d'Amérique du Nord, les Aztèques en Amérique du Sud semblent être de bons indicateurs de tels processus comportementaux. Paresseux et tatous géants, ainsi que leur prédateur, le félin géant à dents de sabre Smilodon populator ont probablement été directement concernés par ces phénomènes.
des colliers?
De même, les "lions" (grands chats) des cavernes, massivement représentés sur les parois de la grotte Chauvet il y a 31 000 ans, ne sont plus présents sur les peintures pariétales ultérieures. Leur extinction (ou quasi disparition) semble s'effectuer dans le même temps que celle des hommes de Neandertal. Or, tous deux étaient des compétiteurs directs de notre ancêtre direct, l'homme de Cro-Magnon... Un paléontologue spécialiste des Neandertaliens, dans un ouvrage "Le collier de Neandertal" paru en 2001, a exprimé l'hypothèse que les lions des cavernes étaient en quelque sorte aux hommes de Neandertal ce que les hyènes sont aux lions. Les deux espèces formaient donc un couple ecosystémique, qui s'est effondré au contact mortel des hommes modernes. En Amérique du Sud et en Australie, on possède des preuves directes d'un acharnement particulier des populations locales de chasseurs-cueilleurs à l'encontre des grands félins ou leurs équivalents dans la chaîne alimentaire. Et il semble que c'est une véritable guerre entre humains et grands carnivores pour la maîtrise des populations relictuelles de grands herbivores qui s'est déroulée à plusieurs reprises, à différentes époques, sur différents continents ; dans l'ordre chronologique: Afrique (hippopotames gigantesques et suidés géants, Proboscidiens; prédateurs: lions géants, chats à dents de sabre aquatiques), Australie ("hippopotames" et "rhinocéros" marsupiaux; prédateur: "lion-masupial"), Europe (mammouths et rhinocéros à fourrure; prédateurs: grand chat des cavernes, Homotherium) et hippopotames géants; prédateur: Homotherium) et enfin Amérique(mammouths et mastodontes; prédateurs: lions et jaguars géants, paresseux et tatous géants; prédateur: grand chat à dents de sabre). Un magnifique dessin animé japonais, "Princesse Mononoke" (1997), a remarquablement synthétisé les rapports entre hommes défricheurs et animaux géants gardiens de la forêt. Plus que de simples animaux, ces derniers sont perçus commme de véritables démons par leurs ennemis et exterminateurs, en guerre totale contre eux. La puissance qu'on leur accorde et la frayeur qu'ils inspirent ont des proportions inouïes. La tête tranchée d'une louve géante en vient à se soulever soudainement de terre, et foncer au milieu du groupe de chasseurs héberlués... La destruction des grands herbivores par les chasseurs cueilleurs a entraîné des modifications dans la dynamique végétative et donc de climat, destabilisant tout l'équilibre des flores et des faunes. Leur raréfaction a été accélérée, dans un premier temps, par le phénomène du "predation pit": les différents prédateurs, voyant leurs proies se raréfier, augmentent le rythme de leurs prélèvements. Dans un deuxième temps, une véritable compétition guerrière s'engage entre prédateurs; pour sauver les troupeaux de grands herbivores (comme le feront plus tard les amérindiens prédateurs des bisons, face aux chasseurs blancs), les grands félins tuent les chasseurs-cueilleurs, qui réagissent par une extermination systématique. Dans certains cas, des communautés de populations-proies (mammouths, hippopotames) peuvent chercher en dernière extrêmité à sauver leur prédateur régulier devenu leur gardien et se sauver elles-mêmes en entrant directement dans le conflit, comme on peut le déduire de nombreux mythes australiens, africains et amérindiens, ce qui relance, chez les chasseurs-cueilleurs, une volonté éradicatrice vis-à -vis d'animaux vécus désormais comme des ennemis et des assaillants. La tonalité très particulière des mythes des Olmèques d'Amérique centrale et la personnalité de certains de leurs dieux, non transposables dans une autre culture, fût - elle leur héritière directe, semble découler de l'expérience traumatisante d'une défaite totalement inattendue des chasseurs face aux félins.
Plus généralement, il est bien connu que la chasse et le pouvoir sont traditionnellement liés.Les rois et les seigneurs ont toujours donné le plus grand éclat dans la poursuite du gibier "noble": ours, loups, sangliers...
Au Moyen-Age, ce sont des armées de plus de 100 000 hommes qui sont parfois mobilisées par les hauts dignitaires mongols de la Horde d'Or pour l'organisation de battues gigantesques de prestige au loup et à l'antilope dans les steppes d'Asie centrale. Des chasses gigantesques sont aussi organisées dans l'Inde moghole : la KAMARGA, chez les Incas des Andes : la CHACO, et dans l'Empire occidental de CHARLEMAGNE. Toutes donnent aux massacres qui y sont perpétrés de façon très codifiée des dimensions apocalyptiques. Et dès la plus haute antiquité, le Pharaon Aménophis III fut célébré pour avoir tué, au cours de ses 10 premières années de règne, 102 lions "de ses propres flèches". Le même personnage abattit lui-même, en un seul jour, 56 taureaux sauvages. L'empereur Assyrien ASSURBANIPAL exprimait sa puissance lors d'hécatombes de très nombreux lions criblés de flèches depuis des chars dans une arène: parfois, le roi achève lui-même en combat singulier un animal particulièrement résistant. Des siècles plus tard, l'empereur romain Commode se présente comme le descendant d'Héraklès en combattant lui-même des lions et des taureaux lors des jeux du cirque. Le prince devait bien sûr sortir SYSTEMATIQUEMENT vainqueur et INDEMNE de ces joûtes, d'où les innombrables truquages préfigurant des pratiques courantes dans les spectacles tauromachiques actuels.
Sur les documents suivants, les bandes grises en bas figurent les parties d'une fresque où l'on voit, si l'on regarde attentivement, de nombreux lions et lionnes percés de flèches, en train d'agoniser parmi les chars des "guerriers".
Ces pratiques avaient exactement la même fonction que celles consistant à exterminer les populations des territoires conquis, autre loisir favori d'Assurbanipal -il faut savoir joindre l'utile à l'agréable ! - pour que chacun puisse "apprécier" la puissance du monarque .Ces hécatombes humaines ou animales ont été monnaie courante (Moyen-Orient, Egypte, Inde....) durant plusieurs millénaires. Rappelons ici que le mot TROPHEE signifie: "Monument de Victoire". On peut même suspecter l'existence de véritables NAUMACHIES (batailles navales) sanglantes contre des hippopotames dans l'arène. BEHEMOTH, le mot biblique qui définit l'hippopotame, est un mot assyrien qui signifie: "monstre" ou "colosse".Ce sont des dizaines de millions d'hippopotames qui furent exterminés pour la gloire des Pharaons. Dans la Bible, Le dieu des Juifs considère Behemoth comme la première de ses créatures. En même temps, il incite indirectement Job à capturer cet animal au filet puis à lui imposer sa domination ("lui percer le nez"). Ceci n'a rien d'étonnant car les liens entre les cultures égyptiennes et bibliques sont évidentes, et l'impératif de vaincre et si possible d'humilier le "colosse" est prépondérante pour les uns comme pour les autres. Certains rites sacrificiels de la première dynastie pharaonique sont directement liées à la mort du premier grand Pharaon, MENES, tué per un hippopotame, et au désordre politique qui s'est ensuivi.
Une chasse d'un équivalent indien d'Assurbanipal...
Nul ne symbolise mieux le rapport des hommes préhistoriques, puis des rois de la période historique, avec les ecosystèmes prédateurs-proies que la réputation d'un roi de Perse du Vème siècle avant notre ère: Bahram Gour. Gour signifie Onagre, du nom de l'âne sauvage dont ce roi affectionnait particulièrement la chasse. Bahram Gour est célèbre pour avoir tué d'une seule flèche, un onagre et le lion qui assaillait ce dernier...
Les mythes traditionnels sont tout à la gloire du héros destructeur de bêtes féroces, qui crée ainsi les conditions du progrès humain (le Perse Gilgamesh, le Grec Héraklès...) . Mais ils présentent aussi une véritable filiation entre les hommes (descendants) et les monstres qu'ils détruisent (ancêtres). Un exemple évocateur est celui des mythologies germano-scandinaves : dans cette tradition, les "dieux", dont procèdent les humains actuels, sont les agents ordonnateurs du monde. Ils s'opposent aux "géants", forces du chaos qui sont aussi leurs ascendants directs. Au cours de ces combats titanesques, les duels opposent un "dieu" à un animal géant: loup, chien, serpent. Par ailleurs, le loup géant FENRIR ne cesse d'augmenter de taille jusqu'à ce que ses mâchoires supérieures touchent les étoiles. On retrouve la même logique de gonflement jusqu'au gigantisme chez un animal mythique dans une légende africaine où un chat, en dévorant des animaux de plus en plus gros, devient un MNGWA, félin fantastique géant. Au même titre que les hommes procèdent des dieux, les animaux procèdent des géants. Chaque catégorie d"êtres" possède un territoire délimité selon les points cardinaux, eux-mêmes symbôles d'une saison. Les géants vivent à l'Est, qui représente le printemps, l'aurore et le début de la vie. Dans de nombreuses traditions, c'est à l'EST qu'est situé le PARADIS, c'est-à -dire l'AGE d'OR. Par conséquent, la destruction des "monstres" constitue pour l'humanité une perte irrémédiable, en ce qu'elle attente à la source même de sa vie et des conditions de son bonheur : c'est l'expression, au sens propre, d'un passé qui ne passe pas. Cette terrible contradiction se retrouve dans les légendes Masaï, qui font porter au lion la responsabilité de la perte du paradis: "un monde où il n'y avait ni chasse ni guerre". Grands chasseurs de lions, les Masaï illustrent de la sorte un principe universel des mythes fondateurs mis en évidence par l'anthropologue René Girard: la VICTIME doit être jugée coupable des imperfections du monde pour que la communauté trouve son équilibre. C'est un MENSONGE qui permet à la communauté de vivre en paix avec elle-même.
Un animal issu de la préhistoire apparaît comme un archétype dans l'imaginaire occidental. C'est le "lion" des cavernes : Héraklès tue ce qui est vraisemblablement un individu d'une population relique de ces animaux (le "lion de Némée") dont il portera sans cesse la peau par la suite. D'autres animaux, tels que le loup et le dragon, dont la présence dans les contes, légendes et représentations artistiques nous est plus familière, occupent des places comparables dans l'imaginaire européen. Sur la partie inférieure gauche de ce tableau de Rubens, on voit Héraklès aux prises avec le lion de Némée.... ...On retrouve ce stéréotype dans cette figuration du combat de l'Ange de l'Apocalypse contre la "bête".
Pour revenir à l'OVERKILL et à ses conséquences, il est banal de rappeler que ce phénomène a pris de plus en plus d'ampleur durant la période historique, et qu'il est plus que jamais d'actualité. A ce titre, la conquête de l'Ouest américain a constitué, pour la grande faune, une des plus grandes exterminations continentales de tous les temps. Pas moins de 7 variétés de loups disparurent totalement à cette occasion, dont une espèce géante d'Alaska, de taille comparable ou légèrement supérieure au grand loup blanc de l'Arctique. 75 millions de bisons ont également été détruits à cette époque. Leurs os ont été transportés en train par dizaines de milliers de tonnes entre 1872 et 1874. Quelques années plus tôt, un voyageur avait observé un troupeau qui s'étendait sur 3500 km2. C'est d'ailleurs l'adoption de cette organisation en troupeaux gigantesques, couplée à une importante réduction de taille des individus et à une réduction concommitante des durées de gestation des femelles qui avaient sauvé les bisons, 13000 ans plus tôt, de la même extermination totale et rapide que firent subir à cette époque les Amérindiens de la culture des pointes de Clovis aux mammouths, mastodontes, et ours gigantesques. Les chiens de prairie, sortes de petites marmottes sociales qui jardinaient la prairie en compagnie des bisons furent également détruits par empoisonnement et destruction de leurs galeries par des socs de charrue. L'une de leurs cités souterraines formait pourtant, en 1901, un rectangle de 650km de long sur 270km de large, et contenait plus de 400 millions d'habitants, ce qui représente une agglomération plus importante que les megalopoles humaines les plus étendues. Ce fut aussi le cas pour une catégorie de pigeons migrateurs appelés ectopistes. Ces oiseaux étaient tellement nombreux que, quand ils passaient dans le ciel, les rayons du soleil ne passaient plus et on avait l'impression que la nuit tombait dans un vacarme indescriptible. Une seule bande de ces oiseaux a été estimée à plus de deux milliards d'individus. Le dernier d'entre eux est pourtant mort dans un zoo en 1914. C'était une femelle appelée Martha... On peut notamment constater que, partout dans le monde, les animaux terrestres les plus grands sont TOUS des animaux domestiques (y compris les éléphants en Asie et, depuis peu, les rhinocéros blancs en Afrique australe). Il se passe la même chose avec les plantes (certaines citrouilles, courges et potirons peuvent atteindre plusieurs centaines de kilogrammes). Les animaux sauvages de grande taille sont très rares ou inexistants sur tous les continents, sauf en Afrique (ainsi que sur le continent Antarctique, qui n'a jamais été peuplé par des hommes). Ce continent étant le berceau de l'humanité, l'homme et les animaux y ont appris, malgré des "accidents" régionaux retentissants dès la plus haute préhistoire, à vivre ensemble, sans que ce dernier n'adopte systématiquement un comportement trop destructeur . D'autant que des parasites tels que les agents du paludisme et de la maladie du sommeil ont à la fois, jusqu'à une époque récente, empêché les hommes et leur bétail d'avoir des populations très nombreuses, et affaibli les populations existantes, alors que les animaux sauvages vivent en bonne intelligence avec ces parasites. La situation actuelle est révélatrice et spectaculaire. Sur 10 animaux sauvages terrestres moyens ou grands, 6 vivent en Afrique! La destruction actuelle de la grande faune africaine remet largement en cause ce schéma: de ce point de vue, l'Afrique tend désormais à devenir, malheureusement, un continent comme les autres. Ceci pris en compte, il n'est pas étonnant qu'un chercheur, faisant référence au corps céleste qui aurait contribué à détruire les dinosaures, a parlé, pour les 100 000 dernières années, de la météorite humaine. Claude Guérin (communication personnelle), considère pour sa part que sans l'homme, l'évolution des grands mammifères au cours des 10 000 dernières années aurait été radicalement différente. La réduction de l'espace vital, et un DERANGEMENT permanent dû aux actions humaines de tous ordres de plus en plus envahissantes concourent non seulement à l'étiolement des populations d'animaux sauvages, mais aussi à une baisse de la taille moyenne des individus, qui ne peuvent plus ni se nourrir ni se reposer suffisamment. De même, des animaux obligés à vivre dans des conditions de pénurie alimentaire par rapport à ce dont ils disposaient auparavant connaissent une réduction progressive de taille (crocodiles du Sahara). Par exemple, en l'an 2000, la taille des tigres sibériens avait globalement baissé d'un tiers par rapport au début du XXème siècle. Ils ne sont plus les plus gros tigres sauvages vivants à l'heure actuelle. La place est désormais occupée par des tigres amphibies vivant dans une zone de marais à chaval sur l'Inde et le Bengla-Desh et qui reste encore relativement peu accessible: les mangroves SUNDARBANS, qui commencent hélas à se dégrader sérieusement... Tout ce qui a été évoqué sur cette page concerne essentiellement les 50 000 dernières années, qui incluent donc seulement la fin de la préhistoire humaine. Cependant, des indices complémentaires incitent à penser que l'extermination à grande échelle des animaux remonte beaucoup plus loin dans l'histoire des représentants du genre Homo. Ainsi, des Homo erectus ont vraisemblablement détruit une espèce de stégodonte nain, qui est une sorte d'éléphant préhistorique, ainsi qu' une tortue géante dans des îles de la Sonde il y a plus de 700 000 ans (information tirée d'une publication de Claude Guérin, en 1994, consacrée aux phénomènes croisés du nanisme et du gigantisme insulaires). Et que penser des incendies de forêts gigantesques à répétition provoquées volontairement par des hominidés semi-arboricoles il y a 1 600 000 ans (Dictionnaire de la préhistoire, Encyclopaedia Universalis)?
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