GRANDS MAMMIFERES FOSSILES ET ACTUELS: METHODE COMPARATIVE

 

                                 

 

Les grands félins semblent avoir toujours été, aux yeux des hommes, des animaux d'une beauté fascinante, mais dont la violence supposée était telle qu'il devaient être exterminés en priorité absolue, et ce dès la préhistoire,où ils intervenaient dans les relations entre chasseurs-cueilleurs et grands herbivores. Dans le tableau de Rubens ci-dessous, qui associe différentes époques et différents continents, le tigre apparaît au premier regard comme un assaillant aveugle , alors qu'il ne fait que tenter de protéger sa compagne et sa portée (3 tigreaux).

 

Des affrontements directs entre félins et chasseurs-cueilleurs lors d'importantes crises biologiques induites par la raréfaction des proies du fait de la surchasse tient certainement une large place dans ce sentiment.

Le "Maître des animaux" est un personnage central dans les civilisations de l'extrême fin de l'époque paleolithique. Gilgamesh joue ce rôle en Mésopotamie, où il combat victorieusement des lions. Les empereurs assyriens seront des chasseurs acharnés de ces animaux.On retrouve une figure comparable dans l'Egypte prédynastique, qui étrangle deux grands lions mâles. Il est représenté sur un manche de couteau en ivoire d'hippopotame. Les pharaons tireront un prestige particulier à la chasse aux lions (Amenophis III en tua 102 lors de ses 10 premières années de règne) et combatteront impitoyablement l'hippopotame, considéré comme le fauve le plus dangereux de la création.

Shiva est le Maître des Animaux hindou. Sur de la terre cuite décorée et des sceaux de stéatite, deterrés dans de nombreux sites de la civilisation de l'Indus - Sarasvati, ainsi que sur une tablette moulée, on peut voir un personnage qui étrangle deux tigres à mains nues... Herakles sera un avatar Grec du Maître des animaux des civilisations orientales...

Les mythes égyptiens évoquent l'existence d'une lionne assoiffée de sang humain envoyée par Rê pour exterminer la quasi-totalité de l'espèce humaine. De même, ce sont des jaguars qui exterminent les hommes qui peuplent le "premier monde" dans les mythes Olmèques. Les félins en action ne sont pas toujours très ressemblants avec des jaguars. Dans certains cas, ils rappellent plutôt des chats des cavernes. Ce mythe sera repris, à peine modifié, par les Aztèques. Les Olmèques ont un Dieu spécifique: le bébé-jaguar, qui est un nourrisson mi-homme mi-jaguar. Or, les Olmèques sacrifiaient des nourrissons qu'ils offraient aux jaguars, considérés comme des dieux. Les Olmèques ont une attitude aussi complexe vis-à-vis de ces animaux que les Egyptiens envers Sekhmet, la déesse lionne exterminatrice, mais dont ils recherchent la protection plus qu'auprès de toute autre divinité, et qu'ils considèrent comme "PLUS DIVINE QUE LES DIEUX, PLUS GLORIEUSE QUE L'ENNEADE" (l'énnéade étant le groupe de 9 dieux fondateurs de l'Univers). La source de la mythologie Olmèque a probablement ses racines dans des pratiques de chasse cérémonielles ritualisées, qui se produisaient à une échelle gigantesque. Dans les Andes, les Incas les appelaient "EL CHACO". L'extermination des jaguars constituaient sans nul doute l'un des points d'orgue de ces chasses. Si l'on se réfère aux pratiques Aztèques, il y avait possibilité de prélèvement de portées de chatons (jaguareaux). Il est vraisemblable que les arceaux de la civilisation Olmèque soient fondées sur une CHACO qui a mal tourné, comme ceux de la civilisation Egyptienne le sont sur la défaite du Pharaon Ménès face à l'hippopotame. Les félins sauvages, particulièrement les femelles, réagissent avec une fureur exaltée et totalement dévastatrice quand elles parviennent à établir le lien de causalité entre la disparition de leurs chatons et les responsables de cette disparition ( voir des exemples impressionnants dans "les mammifères sauvages d'Europe", de Robert Hainard, "le peuple Léopard", d'Yves Christen, le roman "Le vieux qui lisait des romans d'amour" de Luis Sepulveda). Or, dans le contexte pré-Olmèque, c'était toute une région qui était concernée, soit plusieurs familles de félins impliquées, et ce, le même jour. La réaction collective et particulièrement meurtrière des jaguars adultes, couplée à une où des manifestations naturelles imprévues (éclipse, séisme) peuvent avoir provoqué un traumatisme profond et durable chez les groupes de chasseurs. Ceux-ci ont pu se sentir condamnés par les Dieux pour avoir commis un crime abominable. Ils adoptèrent donc cette forme de dédommagement (sacrifice de leurs propres enfants aux félins après avoir sacrifiés les enfants de ces derniers) et cette demande d'alliance perpétuelle, par la création de "l'homme-jaguar", pour éviter "d'être maudits jusqu' à la fin des siècles".

 

La fusion de l'homme et du félin est censée apporter une solution aux problèmes essentiels de l'existence. A Hampi, en Inde, l'homme-lion sauve le monde en détruisant un démon qui ne peut être tué ni de jour, ni de nuit, ni par un homme, ni par un animal. Il est le résoluteur absolu. Les hommes ont dédié leurs réalisations artistiques les plus impressionnantes aux félins. La plus grande sculpture figurative de tous les temps est celle d'un homme-lion: c'est le sphynx égyptien. Le temple le plus haut jamais construit (161m, contre 146m à la grande pyramide de Khéops) est celui du jaguar géant, érigé par les Mayas à Tikal, au Guatemala. La plus grande fresque jamais conçue est celle du jaguar dans l'avenue des morts de Teotihuacan (Mexique central). Et le plan de la ville de Cuzco, capitale de l'Empire Inca, a été conçu de façon à ce que la ville ressemble à un puma gigantesque, dont la tête était une énorme forteresse. Véritable sanctuaire protecteur aux yeux des Incas, ( "nous vivons à l'intérieur du puma", disent-ils ), cet animal est pour eux l'équivalent de la Sekhmet égyptienne ou du jaguar olmèque. Sa consécration est en effet aussi un rituel d'apaisement, dans la mesure où il peut dévorer le Soleil et la Lune lors d'une éclipse de ces corps célestes. Il a donc, comme les deux précédents, le pouvoir, et parfois la tendance, à détruire le monde. Le culte du grand lion des cavernes préhistorique remonte à au moins 32 000 ans, comme l'atteste une statue en ivoire de mammouth représentant un homme à tête de lion sans crinière.

 

Un autre tableau de Rubens, conçu sur le même modèle que celui représenté plus haut, représente une chasse au lion, et un autre encore, à l'hippopotame et au crocodile. Cette série résume magnifiquement, même si on peut penser que c'est involontaire, les mécanismes d'emballements qui, à la préhistoire, ont engendré des conflits complexes entre hommes, grands carnivores et grands herbivores.

 

D'après certains chercheurs, les félins à dents de sabre de la préhistoire auraient pu constituer des victimes de choix dans les chasses de prestige de certaines tribus, où leur massacre pouvait constituer un ascenseur social.

l'Afrique a peut-être continué à héberger des félins de ce type jusqu'à ces dernières décennies (voir le chapitre qui y est consacré dans le site de Cryptozoologie de Michel Raynal):

http://perso.wanadoo.fr/cryptozoo

D'autres chats à dents de sabre vivent peut-être encore dans les forêts du Paraguay et d'autres pays du bassin amazonien.

Des grands chats appartenant à des groupes actuels peuvent parfois présenter des individus exceptionnels:

-Des léopards striés (et non pas ocellés), ainsi que des léopards géants (aussi grands qu'un lion ou un tigre)

-La possible existence d'un tigre noir gigantesque, en Inde,reconnue à travers le témoignage de villageois dont le bétail était sa victime, et d'empreintes énormes relevées par les autorités, qui apeura toute une région de 1952 à 1967.

-Celle d'un tigre nain (taille d'un chien), dans l'île japonaise d'Iriomote.

 

Un cas tout à fait original est celui du MNGWA.

Il appartient au folklore africain au même titre que le dragon pour le folklore européen.C'est un grand chat gris tacheté, nettement distinct du lion ou du léopard. Des européens, qui ne croyaient pas en son existence, eurent à l'affronter en 1922, dans un village de pêcheurs de la côte tanzanienne où il tua plusieurs personnes. Certaines victimes tenaient serrées dans leurs mains des touffes de poils gris. A cette époque, une forêt vierge bordait la plage et le village, inexplorée (on y retrouva 6 ans plus tard, les restes d'une ville abandonnée depuis 5 siècles). D'autres animaux du m^ême type semblent avoir été observés plus au Nord (Ouganda, Ethiopie) et plus au Sud (Madagascar), ce qui laisse présager d'une répartition de cet animal en arc de cercle, en fenêtre devant l'Océan Indien.

Le représentant tanzanien étant "aussi grand qu'un âne", il serait donc le plus grand félin "actuel". Certains témoins l'ont écouté ronronner pendant son repas. Ce détail a son importance. En effet, les "grands" chats ne peuvent pas ronronner en continu. Seul, un "petit" chat peut le faire. Le MNGWA est donc probablement une forme géante d'animal du groupe des petits chats. Le meilleur candidat semble être le chat doré africain, très forestier, aux moeurs pratiquement inconnues jusqu'en 1990, considéré comme très sanguinaire par les indigènes, qui l'appellent "le frère du léopard". Certains individus peuvent être gris. Le MNGWA mérite peut-être le nom de "grand petit chat". Les exploits du MNGWA sont chantés par la littérature swahilie depuis plus de 900 ans, provenant d'une tradition orale beaucoup plus ancienne, quand les hommes entretenaient avec les grands carnivores des relations de compétition pour la maîtrise de leur cheptel commun d'herbivores géants.. Certains contes lui attribuent des aventures et des comportements qui rappellent quelque peu Sekhmet, la "lionne" envoyée par le dieu Ègyptien Rê, pour détruire l'humanité. Les lionnes qui tuèrent des dizaines d'ouvriers sur le chantier d'un pont au Kenya en 1898 provoquèrent une panique générale comparable à celle générée par le MNGWA.

Le chat doré                            Le MNGWA ressemble peut-être tout simplement à cela...

 

 

Voici l'animal asiatique le plus proche du chat doré. On ignore s'il a des formes géantes ou non:

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Il existe peut-être une forme sud-américaine proche de cet animal. Les indiens l'appellent le tigre-tapir. Si le MNGWA est vraiment un chat doré gÈant, alors, le tigre-tapir est peut-être une forme géante du jaguarondi... Son histoire se confond souvent avec celle des jaguars fantômes qui hantèrent les civilisations mesoaméricaines depuis les fondateurs Olmèques....          

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Les grands félins disparus dans la littérature.

J.H. Rosny Ainé consacre des pages exceptionnelles au grand chat des cavernes dans "Le félin géant", histoire d'une symbiose entre une tribu et l'un de ces grands carnivores. Cette symbiose s'établit par un mécanisme analogue ("capture" de l'odeur) à celui permettant à certains coléoptères de pénétrer dans les fourmilières et les termitières. Le culte rendu au lion des cavernes il y a 32 000 ans donne a posteriori une dimension particulière à cette histoire.

L'appelant alternativement "lion des rocs" et "tigre des Kzamms", l'auteur se réfère aux travaux scientifiques du début du siècle (il a écrit son livre en 1911), qui hésitaient sur la vraie nature du chat des cavernes: lion, tigre, animal intermédiaire... Ce n'est que plus tard qu'il a été montré que les tigres n'ont certainement jamais été présents en Europe occidentale. Par contre, il distingue bien le chat "ancienne mouture" -600 000 ans- du plus récent -30 000 ans- et le présente comme un animal presque aussi massif qu'un taureau, ce qui semble bien correspondre au volume des plus grands individus.

C'est aussi dans cet ouvrage que l'on assiste à la prédation d'un grand hippopotame mâle par la "bête rouge", qui n'est autre qu'un Machairodus, félin à dents de sabre. Les hippopotames furent probablement victimes, jusqu'au début du XXème siècle, d'animaux aquatiques proches des chats à dents de sabre (voir page précédente).

Dans 'La guerre du feu", le même auteur présente un combat entre un représentant de cette énorme espèce et un tigre (encore un!) qui se solde par la mort du tigre et l'appariement de la tigresse avec le grand chat (pour quelles sortes de portées futures?)

 

Les contes chinois mettent souvent en scène des tigres énormes, auxquels des hommes -souvent de jeunes garçons - s'associent. Comme le MNGWA l'est pour la façade orientale de l'Afrique, le tigre est l'animal chinois par excellence, aux côtés du dragon. Pendant des millénaires, la Chine couverte d'épaisses forêts, a été (et non pas l'Inde) le véritable pays du tigre. Il accueillait en abondance des tigres appartenant aux cinq sous-espèces continentales connues, et il était seul dans ce cas.

Le romancier français Pierre BENOIT, a mis en scène, dans son livre "le désert de Gobi" un tigre blanc gigantesque.

Un livre pour la jeunesse, "les forêts de la nuit" parle de l'amour entre un jeune garçon solitaire et une tigresse de Sibérie, qu'il voit dépérir dans sa cage, qu'il libère et raccompagne sur sa terre natale, lors d'un voyage initiatique, en la compagnie d'un vieil ara.