GRANDS MAMMIFERES FOSSILES ET ACTUELS: METHODE COMPARATIVE
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LES FELINS Les grands félins fossiles sont beaucoup plus nombreux (24 espèces) que ceux vivant actuellement (6 espèces). Ils sont présents sur tous les continents. On distingue le groupe des espèces dont les canines supérieures ne sont pas visibles quand l'animal a la gueule fermée, d'une part, et ceux chez qui elles dépassent, d'autre part (félins à dents de sabre) qui représentent le plus grand nombre d'espèces à cette époque, et qui sont eux-mêmes répartis dans plusieurs groupes (sous-familles). Les plus grands représentants du premier groupe sont les grands chats ("lions" des cavernes), qui vivaient en Europe il y a 600 000 ans : les grands mâles pouvaient atteindre 1,30m de hauteur à l'épaule, et dépasser, 400, voire 450kgs.Le plus grand crâne répertorié à ce jour remonte à 100000 ans, sur un site britannique. Il atteignait 43cm, soit 5cm de plus que le plus grand crâne de Tigre de Sibérie. Les lions d'Afrique australe vivant à cette époque étaient également plus volumineux que ceux d'aujourd'hui. Les "lions" qu'ont connu les hommes de Cro-Magnon (époque des fresques rupestres-Chauvet, Altamira, Cassis, Lascaux-), qui représentent vraisemblablement une forme récente de ces animaux, étaient plus petits, de la taille d'un lion actuel. Ils n'avaient pas de crinière. Les hommes rendaient un culte à ces animaux il y a 32 000 ans (émission THEMA, diffusée sur ARTE le 4 mai 2003), ce qui donne une nouvelle dimension au roman préhistorique de J-H Rosny-Ainé: "Le félin géant" où une tribu signe un pacte d'alliance avec un lion géant. En Europe, on a retrouvé les restes fossilisés d'un petit félin, qui fut baptisé "le petit chat des cavernes". Les chats des cavernes ont disparu en Europe en même temps que les mammouths, les rhinoceros à fourrure et les hommes de Neandertal, et l'homme de Cro-Magnon n'est certainement pas étranger à cet état de fait. La destruction des troupeaux de grands herbivores provoque une compétition directe exacerbée entre leurs prédateurs, avec l'extermination des uns par les autres. En Amérique du Sud, on a retrouvé des masses d'ossements de lions des cavernes et de jaguars géants associés à des lieux d'habitation et d'activité humaine. Ils témoignent de l'acharnement et du systématisme dans la destruction de ces animaux: certains détails évoquent la possibilité d'abattage après capture, avec peut-être une dimension de rite sacrificiel. La façon dont Héraklès tue le lion de Némée est évocatrice, à cet égard, de pratiques beaucoup plus anciennes: il emprisonne le félin dans sa caverne, puis l'assomme d'un violent coup de gourdin et l'étrangle de ses mains. Puis il s'arme des griffes du lion qu'il a arrachées pour l'écorcher et le dépouiller comme un lapin gigantesque dont il ne reste plus ensuite qu'une carcasse sanguinolente, puis se revêtit de sa peau. Des paléontologues considèrent que les chats à dents de sabre ont payé bien avant les autres félins leur confrontation avec les tout premiers hommes "modernes", voir les Homo erectus: notamment pour les plus volumineux d'entre eux,leurs formes lourdes les rendaient plus vulnérables que les autres félins aux attaques des chasseurs.En Europe, des espèces dont les mâles pouvaient atteindre des proportions gigantesques, comme Homotherium sainzelli ou Machairodus giganteus, devaient être concernées en premier lieu par les difficultés d'existence aux côtés des hommes. L'antagonisme était fort, en particulier dans la compétition pour la nourriture et le contrôle des cavernes: les grottes de la vallée de Sterkfontein, en Afrique Australe, montrent bien cette succession dans la dominance d'occupation des cavernes... L'animal le plus directement concerné semble avoir été dans ce cas précis un énorme félin, Dinofelis, qui n'était pas vraiment un chat à dents de sabre mais qui avait leur structure massive et ramassée. Il était vraisemblablement un prédateur régulier des hommes. Sur tous les continents, divers félins de très grande taille ont probablement subi ce qui s'apparente à des sacrifices ou holocaustes dans ce cadre de la prise de contrôle par les hommes d'une grotte occupée originellement par ces animaux .
Les plus grands félins actuels sont les tigres, les lions et certains léopards. Les plus grands lions peuvent dépasser 250kgs, voire atteindre très exceptionnellement 300kgs. Les plus grands tigres peuvent même se situer entre 350 et 400kgs. Un tigre vivant dans un cirque dans le New-Jersey a atteint 420kgs en 1986. Il existerait, dans une ferme pédagogique, au Canada, un tigre de Sibérie qui approcherait une demi-tonne.... Ces deux animaux doivent être considérés comme domestiques. Il apparaît occasionnellement, par ailleurs, chez tous les grands chats, des individus mâles vraiment énormes. Les félins à canines géantes étaient, de loin, les plus nombreux. Leur abondance et leur diversité était une véritable bénédiction pour les hyènes, qui les parasitaient copieusement, et qui étaient beaucoup plus nombreuses qu'aujourd'hui à la fois en individus et en espèces. Voici un grand Machairodus (félin à dents de sabre comme tous ceux présents sur les illustrations) comparé à d'autres carnivores vivant à la même époque: on constate qu'il est plus volumineux que l'ours, qui est pourtant l'ancêtre du grand ours brun américain!
Le Megantheron vivait en Europe. Il avait la taille d'un jaguar. Le plus grand félin "à dent de sabre" européen s'appelait Homotherium. On en a retrouvé des restes dans les mêmes endroits que le grand hippopotame auvergnat (site de Sainzelles, Haute-Loire),dont il était peut-être un prédateur occasionnel. Il avait un volume comparable à celui du tigre de Sibérie. La destruction des hippopotames géants en Italie il y a 40 000 ans par une chasse excessive est vraisemblablement allée de pair avec celle d'Homotherium et autres félins prédateurs de ces animaux, qui étaient donc aussi des compétiteurs des chasseurs -pêcheurs- cueilleurs.
Voici une scène d'amour entre le mâle et la femelle de Machairodus giganteus (1,20m à l'épaule) tout comme la télévision nous en montre souvent chez les lions.
Smilodon populator , d'Amérique du Sud, fut l'un des plus grands chats qui aient existé. Cet animal trapu,ramassé et massif se nourrissait surtout de paresseux géants , de Toxodon, et de tatous géants. Cet animal a même été soupçonné d'avoir provoqué la disparition des ces gros herbivores. Le plus vraisemblable est qu'il soit entré en compétition directe avec les chasseurs -cueilleurs il y a peut-être moins de 10 000 ans alors que les populations de proies avaient déjà été sérieusement mises à mal par ces derniers. Le conflit qui en a vraisemblablement résulté a hâté la fin de cet animal comme de ses proies, tous chassÈs impitoyablement. Le revoici, comparé à Smilodon fatalis, un autre chat à dents de sabre qui a beaucoup impressionné les paléontologues qui ont étudié ses ossements découverts en grand nombre en Floride notamment. L'aspect trapu de l'animal dernier cité a fait avancer la masse de 350 kgs comme estimation le concernant. Si celle ci est valide, S.populator, le plus grand des deux animaux, devait peser entre 500 et 650kgs, soit la masse d'un grand GRIZZLY, qui est aussi celle des oiseaux les plus lourds de tous les temps.
Un félin actuel a des canines supérieures qui rappelle la structure "à dents de sabre". C'est la panthère longibande. Elle est de la taille d'un petit guépard, vit en Asie et a des rosettes (taches creuses) en forme de feuille de menthe. Il existe peut- être encore des félins à dents de sabre (dont certains seraient aquatiques), en Afrique et dans plusieurs régions d'Amérique du Sud, dont l'Equateur. En ce qui concerne les chats africains, une forme serait terrestre et montagnarde, avec une répartition Nord-Sud, et l'autre serait plutôt aquatique, avec une répartition Est-Ouest dans une grande partie de la moitié Sud du continent. Ces animaux étranges, ressemblant plus ou moins à des morses, sont représentés sur des peintures rupestres d'Afrique du Sud par exemple: Ils sembleraient avoir été, jusque dans la première moitié du vingtième siècle, de terribles compétiteurs des populations d'hippopotames: leur rage exaltée vis-à -vis de ces gros animaux (proies littéralement épluchées en lanières) amenait souvent ceux-ci à évacuer des régions palustres pourtant très accueillantes pour eux. Il arrivait que la proie survive, mais son comportement changeait et elle devenait systématiquement aggressive. Des populations de pêcheurs ont abandonné l'exploitation de certaines portions de rivières, de peur d'avoir à affronter ces curieux "lions d'eau". Cette peur était peut-être aussi nourrie par la compétition acharnée entre humains et félins pour le contrôle des troupeaux de grands herbivores en déclin pendant la préhistoire, et qui a été transmise, de façon imagée, dans les mythes locaux. D'autre part, il est difficile de définir à quelle époque cette représentation a été réalisée, dans la mesure où les premières peintures rupestres connues remontent à 40 000 ans, et les dernières, en Afrique, Amérique du Sud et Australie, au début des années soixante! Par ailleurs, le romancier J-H Rosny-Ainé a décrit, dans "le félin géant", la prédation spectaculaire d'un hippopotame par un Machaïrodus...
Les espèces actuelles de grands chats ont toutes eu des ancêtres directs, aujourd'hui disparus. En plus du "lion" géant, il a existé un jaguar, un léopard et un puma géants, appartenant à des espèces voisines de celles d'aujourd'hui. Le guépard géant atteignait la taille d'un lion actuel. Les tigres disparus des régions chaudes de l'Asie étaient aussi grands que les tigres de Sibérie et du Népal actuels. Il est tout à fait possible que ces tigres "des neiges" soient des reliques vivantes des temps préhistoriques, ayant conservé leur taille impressionnante et leur lourde charpente. Leurs ancêtres directs avaient des pattes énormes, spécialisées pour se déplacer sans difficulté dans une toundra marécageuse (un peu comme le sabot du renne ou la patte de la chouette harfang). Ils vivaient dans des régions beaucoup plus proches du cercle polaire que les tigres des neiges actuels. Il est possible d'envisager des foyers d'accueils de ces derniers, en cas de besoin, dans des zones préparées de l'arctique américain ou de l'arctique européen.
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